Le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) a publié en juillet 2025 son premier baromètre annuel. Basé sur les données de l’année 2024, ce document propose une photographie du secteur des galeries françaises. Pour les artistes-auteurs, comprendre ces chiffres permet de mieux situer la place des galeries dans l’écosystème culturel, leurs forces mais aussi leurs fragilités.

Le Comité professionnel des galeries est une association qui a pour mission de représenter les galeries d’art auprès des pouvoirs publics, de l’administration, des institutions. Elle regroupe 340 adhérents, galeries d’art ou antiquaires. Pour la première fois, elle publie un baromètre annuel destiné à prendre le pouls de la profession et à mieux documenter la réalité du secteur. Rappelons que la dernière enquête statistique officielle sur le sujet (effectuée par le ministère de la Culture) date de 2012 !
Un réseau ancien, mais très centré sur Paris
Les galeries interrogées affichent une ancienneté moyenne de vingt-cinq ans. Ce chiffre traduit une certaine stabilité, mais aussi une difficulté de renouvellement générationnel. La majorité (72 %) est implantée uniquement en France, et 81 % des sièges sociaux se trouvent en Île-de-France, confirmant la domination de Paris sur le marché de l’art.
Le premier marché au cœur de l’activité
Le chiffre d’affaires global déclaré en 2024 s’élève à 578 millions d’euros, en baisse de 6 % par rapport à 2023.
La vente d’œuvres présentées pour la première fois au public — ce que l’on nomme le premier marché — représente les deux tiers de ce chiffre. Concrètement, près de 80 % des galeries adhérentes mettent la création contemporaine au centre de leur modèle économique. Pour les artistes, cela rappelle l’importance du rôle des galeries dans la mise en visibilité, la diffusion et la valorisation des œuvres récentes.
Des charges courantes élevées
L’étude montre que les dépenses des galeries interrogées se répartissent en trois postes importants :
- 35,7 % du chiffre d’affaires part en charges courantes (loyers, salaires, impôts, etc.). Ce pourcentage important peut s’expliquer par les loyers importants des galeries installées dans les grandes villes ;
- 20,9 % en actions commerciales et marketing (foires, communication, presse, réseaux sociaux) ;
- 35,6 % en activités artistiques et culturelles (production d’œuvres, expositions, publications).
Un déficit structurel d’environ 10 % en moyenne semble se dégager de cette étude (à modérer en fonction des galeries). La réalité économique est souvent tendue. La majorité des galeries continue à gérer en interne la comptabilité, la gestion de site web, ou encore la communication pour des raisons d’économies.
Des employeurs culturels à part entière
Les galeries du CPGA représentent près de 10 000 équivalents temps plein (ETP), en comptant les emplois directs, les artistes exposés et les emplois indirects, mais ce chiffre tombe à moins de 1 500 ETP si l’on ne considère que les emplois directs. 83 % des salariés ont un diplôme Bac+3 ou plus.
L’âge moyen des dirigeants est de 44,5 ans, plus jeune que la moyenne nationale des chefs d’entreprise (estimée à 51 ans environ), ce qui peut indiquer un début de renouvellement générationnel. L’étude n’indique pas les niveaux de revenus, ce qui aurait été intéressant à connaître.
Qui sont les artistes des galeries ?
En 2024, les galeries adhérentes déclarent représenter 7 688 artistes, dont 80 % sur le premier marché. 45 % sont issus de la scène française.
La répartition par genre reste déséquilibrée : 62 % d’hommes pour 38 % de femmes.
Autre donnée importante : 44 % des galeries ne signent aucun contrat écrit avec les artistes, en dehors des bons de dépôt ponctuels. Cela souligne une pratique encore très informelle, basée sur la confiance orale, qui fragilise les relations professionnelles et peut être source de conflits et d’insatisfactions. (Artistes qui me lisez, demandez des contrats !)
Une activité soutenue, mais une inquiétude grandissante
Les galeries sondées organisent en moyenne 6,4 expositions et participent à environ 3 foires par an. 25 % ne s’impliquent dans aucune action collaborative ou de médiation culturelle, ce que le CPGA regrette.
Surtout, le climat est marqué par l’inquiétude : 85 % des galeristes ont une perception négative de la situation économique du secteur. Ils ont du mal à renouveler leur public de collectionneurs et à atteindre les plus jeunes. Les loyers et les tarifs des foires connaissent des hausses importantes. La conjoncture économique et politique très instable frgilise leur activité.
En 2024 et 2025, 12 % des membres du CPGA font ainsi état de graves difficultés, parfois jusqu’à la fermeture.
Ce que cela signifie pour les artistes
Pour les artistes-auteurs, ces données montrent à quel point les galeries jouent un rôle essentiel dans la diffusion de la création contemporaine, mais aussi combien leur modèle économique est fragile. Des évolutions sont à prévoir dans les années à venir. Les galeries devront se réinventer pour trouver de nouveaux publics et maintenir leur attractivité auprès des collectionneurs.
Pour lire le rapport en détail
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L’AUTEURE
Valérie Auriel
Artiste peintre et journaliste, Valérie est une grande curieuse, assez perfectionniste (limite maniaque 😉 ). Elle met en synergie ses deux expériences professionnelles pour débroussailler la jungle administrative des métiers des arts visuels, explorer leurs coulisses. Et elle partage avec vous ses connaissances pour que vous exerciez votre art en toute sérénité !