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Le financement participatif, c’est aussi pour les artistes !

Vous souhaitez louer une salle d’exposition ? Vous aimeriez publier un livre sur votre travail, tirer vos sculptures en bronze, imprimer vos photographies en grand format ? Tous ces projets coûtent cher, mais ce n’est pas une raison pour abandonner. Avec le financement participatif, vous pouvez faire de votre rêve une réalité en sollicitant la générosité d’autrui.

Qu’est-ce que le financement participatif ?

Le fonctionnement du financement participatif (crowdfunding en anglais) est simple. Vous faites appel à une multitude de donateurs, des particuliers principalement. L’ensemble de leurs dons, souvent modestes, s’additionne pour atteindre la somme dont vous avez besoin. C’est le principe des petits ruisseaux qui font les grandes rivières !

Pour obtenir ce coup de pouce, vous passez par des plateformes internet spécialisées. Vous créez une page sur le site choisi où vous précisez vos besoins financiers, les détails de votre projet. Les internautes intéressés vous versent un don de quelques euros à beaucoup plus. Le plus souvent, en remerciement de leur soutien, ils reçoivent une « contrepartie ». Il peut s’agir d’une dédicace sur votre site internet, une carte postale, une estampe… Cette contrepartie peut également être une prévente à tarif préférentiel, par exemple pour éditer un livre d’art, une monographie d’artiste…

Sur certaines plateformes, le don peut être désintéressé, sans récompenses. Le financement participatif peut aussi consister en un prêt financier ou de prise de participation dans une société : on appelle ces formules crowdlending et crowdequity.

Attention à la montre !

La campagne de financement participatif dure un temps limité. Si elle ne réussit pas à recueillir la somme demandée dans le délai imparti, la collecte est annulée. Vous ne touchez rien. Les donateurs récupèrent leur mise. Si le financement est atteint ou dépassé, la plateforme verse l’argent à la fin du projet, moins sa commission de 5 à 10 %.

Le financement participatif a commencé à se développer dans le milieu des années 90 avec la création d’internet. Aujourd’hui, c’est un mode de financement qui brasse pas mal d’argent et qui est toujours en expansion. En 2019, près de 1,5 million d’euros ont été collectés de cette façon en France.

Des dons pour quels montants ?

financement participatif, statistiques
Chiffres issus du Baromètre annuel 2019 du crowdfunding en France
édité par le site Financement participatif France

Le crowdfunding pour quels projets artistiques ?

L’avantage du crowdfunding est qu’il permet de financer des projets de toutes natures. Dans le domaine de la culture, les premiers projets financés concernaient surtout le cinéma et la musique, mais aujourd’hui les arts visuels sont désormais bien présents. Les propositions en arts plastiques, très variées, sont portées aussi bien par des artistes, des associations, des galeries, des éditeurs et même des institutions.

Par exemple, la galeriste Béatrice Soulé a fait préfinancer le catalogue raisonné de l’artiste Ousmane Sow sur KissKissBankBank. Elle misait sur 8 000 euros et en a obtenu plus de 15 000. Les contributeurs versaient 60 euros pour obtenir cet ouvrage, ensuite vendu au public 80 euros. Selon le même principe, l’artiste François Jauvion souhaitait réaliser un livre sur son panthéon dessiné des artistes de l’art brut. Il a recueilli un peu plus de 16 000 euros. Les contributeurs recevaient un livre dédicacé. Les plus généreux se voyaient offrir en plus une gravure, une estampe ou un dessin original.

Le collectif Eaux fortes à Strasbourg a monté une opération de crowdfunding pour organiser une exposition collective. 66 contributeurs leur ont offert en tout 5135 euros… Les fonds récoltés devaient notamment servir à assister la production de deux installations, à accueillir les artistes en déplacements depuis l’étranger, à défrayer les chercheurs et intervenants invités pour les débats, à assurer la communication de l’événement, etc. Dernier exemple (parmi tant d’autres) : l’artiste Véronique Valier a eu l’idée de lancer un financement sous la forme d’une tombola sur le site ulule. Lors d’une soirée où tous les contributeurs étaient invités, un tirage au sort désignait le gagnant d’une œuvre originale grand format. Tous les donateurs à partir de 10 euros recevaient quant à eux une reproduction de cette œuvre, d’un format dépendant du montant du don. L’artiste avait un objectif de 3120 euros, elle en a obtenu 3375 !

L’implication du porteur de projet est la clef du succès
Nicolas Dehorter, expert en crowdfunding

Les clés de la réussite d’un appel de fonds

Pour tenter l’aventure de la finance participative, la première chose à savoir, c’est que tous les dossiers ne sont pas acceptés par les plateformes. Les sites se rémunèrent sur les collectes réussies, ils ont donc intérêt à ce que les projets trouvent leur public. Votre dossier de présentation doit être très détaillé et impeccable sur la forme. Vous devez expliquer qui vous êtes, quelles réalisations vous avez déjà effectuées, à quoi servira l’argent, quelle contrepartie vous offrez aux donateurs. Vous devez accompagner votre texte de photographies, d’une vidéo.

Une fois cette étape franchie, le succès n’est pas encore assuré. Croire que les généreux donateurs se manifesteront d’eux-mêmes est la meilleure façon d’échouer. KissKissBankBank indique ainsi qu’un projet sur quatre n’arrive pas à atteindre ses objectifs (et ne reçoit donc pas de financement).

Mais que donner ?

Une collecte de fonds est un vrai job, il faut s’y consacrer à plein temps. L’une des clés de la réussite tient essentiellement dans la communication. Mails, appels téléphoniques, réseaux sociaux, blogs, il faut communiquer et encore communiquer. Votre succès dépendra de votre capacité à solliciter votre réseau.

Les contreparties accordées aux internautes peuvent créer la différence. C’est un lien que vous créez avec eux. Il faut se mettre à leur place et proposer des choses rares ou personnelles. Des petits dessins originaux, des reproductions avec une dédicace choisie…

Bref, dans le financement participatif, le porteur de projet fait l’essentiel. Le rôle principal d’une plateforme est d’apporter son expertise dans la construction et le suivi du projet. Sa fréquentation et sa notoriété permettent aux créateurs d’être plus visibles et plus crédibles auprès des donateurs. L’un des intérêts du crowdfunding est aussi de créer un événement ponctuel autour de votre travail. Vous élargissez votre réseau, vous développez une communauté de personnes qui ne sont pas forcément des acheteurs d’œuvres d’art, mais pourront le devenir. 

Alors prêt pour ce nouveau challenge ?


LES CONSEILS DE L’EXPERT

Nicolas DEHORTER
Spécialiste du crowdfunding
Créateur du site le Guide du Crowdfunding

Le Guide de l’artiste : Quels types de projets en arts visuels rencontrent le plus de succès en financement participatif ?

Nicolas Dehorter : Ce n’est pas tellement le type de projet le plus important, mais la motivation du créateur. Celui-ci doit être entrepreneur de son propre projet. Il doit vouloir le partager avec son public, faire jouer tous ses réseaux… Son implication créera le succès.

Quels sont les éléments essentiels pour présenter un projet de manière attractive ?

Aujourd’hui, la vidéo est indispensable. Le créateur doit tourner une vidéo d’environ 2 minutes où il explique sa démarche, où il invite l’internaute à embarquer avec lui. Il faut convaincre de la pertinence du projet. Ensuite, dans les autres éléments de la présentation, il est important d’être clair. Il ne faut pas hésiter à parler chiffres. Le crowdfunding est de plus en plus une forme de prévente. Il faut préciser comment vont être utilisés les fonds recueillis. Les contreparties offertes aux contributeurs sont également un point clef. Il faut bien y réfléchir, car elles servent à établir un lien privilégié avec l’artiste. Il faut différencier ces contreparties en fonction du montant des dons. Et il vaut toujours mieux offrir un petit original qu’une reproduction.

Quelles sont les erreurs parfois commises par les artistes quand ils font appel au crowdfunding ?

Une fois leur projet publié, ils n’osent souvent pas solliciter leur réseau, mais il ne faut pas avoir peur de demander ! Ils ont quelquefois des demandes financièrement trop ambitieuses. Et ils sont parfois flous sur l’utilisation future des dons. Or les donateurs apprécient la clarté. Une autre erreur souvent commune à tous les porteurs de projet est de se décourager à mi-parcours. Il faut savoir qu’une campagne de crowdfunding démarre assez rapidement, puis atteint un plateau. Les personnes peu habituées baissent alors les bras, mais c’est à ce moment qu’il faut mettre toute son énergie dans la communication. De nombreux contributeurs attendent en effet les derniers jours pour participer.

Hormis l’aspect financier, qu’apporte une campagne de crowdfunding aux artistes ?

Les artistes ne peuvent plus faire l’impasse d’internet et des réseaux sociaux. Lancer une campagne de financement participatif, c’est un moyen de créer une communauté autour de son projet. C’est un gage de visibilité, une autre façon de communiquer, d’impliquer son public.


logo, Guide de l'artiste, palette

Mon choix de sites de crowdfunding adaptés aux projet artistiques

Principales caractéristiques
(chiffres début 2021)
Pour quels projets ?Conditions financières
(pour la France)
KickstarterPlateforme américaine créée en 2009.
195 797 projets financés. Plus de 19 millions de contributeurs.
Pour les projets créatifs : cinéma, jeux, musique, art, design, technologieUniquement sur les projets réussis : commission de 5 % sur les fonds collectés + 3 à 5 % pour Stripe le prestataire de traitement des règlements
KissKissBankBankPlateforme française créée en 2009.
Un peu plus de 2 millions de membres.
23 628 projets financés.
Projets à dimension créative, associative et/ou entrepreneurialeUniquement sur les projets réussis :
commission de 8 % TTC ( 5 % pour KissKissBankBank et 3 % pour le prestataire de paiement sécurisé) + frais Paypal éventuels
TipeeePlateforme française de dons sans contrepartie créée en 2013. 250 000 contributeurs (tipeurs).
11 000 créateurs et artistes soutenus.
Site ouvert à tous les créateurs de contenus sur internet (photographes, vidéastes, illustrateurs, etc)8% TTC sur les montants reversés aux créateurs.
Ulule
Une plateforme française créée en 2010.
3 millions de membres.
30 000 projets financés.
Pour tous les projetsUniquement sur les projets réussis :
Commission de 8 % TTC pour les fonds collectés par carte bancaire,
de 5 % TTC pour les fonds collectés par chèque/virement ou par PayPal (jusqu’à 100 000 euros collectés) + frais Paypal éventuels

(faire glisser le tableau sur le mobile pour voir toutes les colonnes)


Témoignage & opinions

Avez-vous déjà créé une campagne de financement participatif ?

Quelle plateforme avez-vous choisie ? Cette opération a-t-elle été un succès ou un échec ? Pour quel projet était-ce ? Quels conseils pourriez-vous donner aux artistes qui hésitent à faire appel au crowdfunding ? Dites-nous tout en commentaires plus bas sur la page…


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Cécile Coutant

Une artiste de ma galerie @Carmen Selma a utilisé le site Ulule pour éditer son livre d’artiste « La gran fiesta de Espana ». Cela a été un succès.

graziella

Très bon article ! Merci pour toutes ces infos !
graziella

Eric Hainaut

Bonjour,
Tres bon article… mais attention à la fiscalité du Crowdfunding, beaucoup se font pieger !
Tva, pas tva ? Imposition, pas imposition ? chiffre d affaires ou Don ?… problématiques à ne pas négliger car apres on se retrouve avec un manque de financement !
Eric Hainaut
http://www.comcom.fr

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